Ayé j’ai compris le lâcher prise.
Enfin j’ai compris un truc sur le lâcher prise (faudrait pas que je me croie arrivée quelque part).

Il y a un peu plus d’un mois, je me suis pété le pied. En marchant dans un trou, c’est noc un trou mais parfois ça casse les pieds.
Je me suis cassé le pied, donc. Moi, la grande marcheuse. Ha ha.

Je me suis empressée de me demander ce qui me cassait les pieds dans ma vie car je suis une grande grande sage et je tiens à lire les messages de la vie.
Je n’ai pas trouvé ce qui pouvait me casser les pieds en ce moment. A part moi-même et ma façon de toujours retenir le moment de sauter dans la piscine. Mais bon.

Ca ne m’a pas avancée à grand chose mais au moins je me suis posé la question, mon identité de grande grande sage était sauve.

Par contre j’étais contente car je ne me suis pas mise en colère contre moi-même. Je me suis même dit « ah parfait, ça va me donner le temps de lancer mes trucs sur internet. Ca tombe bien, je ne vais plus avoir que ça à faire : passer mes journées sur internet. Je vais pouvoir investir dans ma formation et lancer mes propositions de développement personnel ».

Je me suis fait la réflexion qu’il y a un ou deux ans (ou trois ou quatre, je ne sais plus)(probablement plus 4 que 1), j’aurais pesté contre moi-même, je me serais traitée d’ennoc et je me serais dit « et voilà!!! Mais c’est pas vrai !!! Me péter le pied à la rentrée, mais j’en rate pas une ! Je vais perdre tous mes élèves, pour un coup qu’on avait pas mal d’inscrits ! Et mes contrats ! Et mes massages que je viens de lancer sur Marseille!! Et mon voyage à Stockholm !! Et en Galice ! Et ceci ! Et cela !! Gnagnagnagnagna chniourf. »

J’étais contente, je me suis dit que j’avais bien progressé, j’avais envisagé toutes ces pertes potentielles comme des choses qui, simplement, n’étaient pas vouées à advenir. J’étais décidément devenue une grande grande sage.

La situation ne s’est pas arrangée, j’ai dû me faire opérer. J’en ai été et j’en reste contente. Je vais même peut-être rater encore plus de choses que prévu. C’est comme ça.

Je me suis dit « merde mais je suis en train de lâcher prise ou quoi??? » Moi qui n’ai jamais rien compris au lâcher prise…
Lâcher prise, je liais ça au phénomène de la perte, du deuil, de l’abandon, du renoncement… bref de la mort. Je n’avais jamais eu envie de mourir (oui je suis comme ça, j’ai un tempérament béatement optimiste) donc je n’avais jamais réussi à entrer en lâcher-prisme.

Et puis là je constate que je lâche tout sans problème, sans amertume, sans colère, sans tristesse, sans me sentir mal vis-à-vis des gens que je lâche / risque de lâcher sur des projets boulot, loisirs, famille…

Alors je me questionne ! whatzeufeuque ? Commenceufaisse ? Doukipudonktan ? (non non, mon pied ne pue plus, ils m’ont donnée une nouvelle botte de marche super respirante)

Ben j’en avons arrivée à une petite conclusion qui me plaît bian. Je vous la livre en avant-première parce qu’on est mercredi et c’est jour raviolis :
Renoncer et lâcher prise, c’est pô pareil (on le savait, vous allez me dire, vu qu’il y a deux mots différents).

Mais moi je pense qu’on n’arrive pas à lâcher prise parce qu’on confond les deux, même si dans notre tête on est capable de se dire que c’est pô pareil. (c’est mal de dire « on », je devrais dire « je », mais j’aime bien dire « on », ça fait théorie. J’aime bien élaborer des petites théories universelles, les changer un mois après, les mélanger, les contredire, les mettre à la poubelle quelles années plus tard)(quand-même oui faut le temps d’en profiter)

Quand on lâche prise, on laisse la réalité exister telle quelle, uniquement la réalité telle qu’elle est. Pleinement. Il n’y a plus de place pour ce qu’on aimerait qui soit. Uniquement ce qui est. Quand on lâche prise, on est dans l’instant présent, pleinement. Dans l’éternité de l’instant présent. Il n’y a pas de place pour l’inquiétude, pour le « et si… » ni le « ouais mais quand-même ». Il n’y a rien que la réalité. Ce qu’on voulait n’existe pas. Il a disparu des radars, oublié, volatilisé. A vrai dire, il n’est pas oublié, il n’existe vraiment pas. L’instant présent échappe au temps, il est l’éternité cachée entre deux perceptions du temps (l’avant et l’après), aussi n’y a-t-il pas de passé dans l’instant présent, donc pas de souvenir. Exit ce qu’on voulait.

Par conséquent, on n’a pas besoin de se priver de cette chose qu’on désirait : elle n’existe pas dans notre univers. On ne la conçoit plus comme appartenant à nos possibles. Elle ne nous concerne plus.

Tandis que renoncer, c’est continuer à penser que la chose est là, qu’elle persiste dans une frange du possible, qu’elle « aurait été possible si », qu’elle « sera possible quand », qu’elle continue d’exister en tant que potentiel de notre univers et qu’on n’y a plus accès. Alors on « accepte » de l’abandonner. C’est déchirant. C’est une fausse couche, un avortement, un bonheur que nous acceptons de tuer sciemment dans l’œuf. C’est pourquoi le renoncement fait souffrir. C’est un deuil.

Le lâcher prise ne fait pas souffrir. Il fait entrer dans la jouissance de l’éternité du présent.

Le problème c’est que je ne comprends pas comment j’ai fait pour lâcher prise…
Pourquoi avant non et maintenant oui ? Et la prochaine fois, oui ou non ?

Crotte, c’est pas demain la veille que je vais devenir gouroute…