[SOUVENIRS DE COMPOSTELLE]
Post d’origine
22 août 2017 à 11:54
Hier, pic nic et sieste dans un arbre. « Aujourd’hui, j’ai retrouvé l’élan de grimper aux arbres colle quand j’étais petite. Je suis juste passée devant un arbre qui s’y prêtait, il m’y a invitée et j’ai fait quelques acrobaties avec mes 10kg sur le dos, sans me poser de question. C’est un drôle de truc, la crainte et la confiance. Je me dis que peut-être, quand on se sent en communion avec ce qui nous entoure, il ne peut pas y avoir de crainte et tout devient (redevient?) possible. »
Je me rappelle parfaitement la joie juvénile qui a circulé en moi quand j’ai fait mes cabrioles dans l’arbre en question, la veille de cette photo.

C’était sur un chemin arboré, ou dans un bois; enfin un endroit d’arbres.
Il y en a eu un, sur la droite, qui était complètement ouvert : beaucoup de grosses branches presque troncs qui, depuis très bas, s’ouvraient comme les pétales d’une fleur, c’était une vraie invitation à monter dedans.
Un peu comme on monte sur un manège pour aller s’asseoir dans la voiture de Oui-Oui parce que Oui-Oui c’est notre chouchou et on l’aime trop.

Sauf qu’à l’âge où on aime trop Oui-Oui, il y a forcément un adulte quelque part qui vous porte pour vous monter sur le manège. Ici, mon adulte c’étaient mes gambettes et mes bras faibles. Et les branches étaient basses, certes, mais on ne pouvait monter dans l’arbre que par le côté en pente, par en-dessous.

Je me souviens de mon hésitation à y aller. Zut je ne peux pas monter par l’avant. Zut l’arrière est en pente, c’est haut quand-même. Oui mais l’envie de monter quand-même quand-même. Les réflexes de vieille quarantenaire « ah ben si j’avais trente ans de moins… »

Le réflexe qui réalise que je ne suis pas vieille ; allez j’y vais.
Le réflexe de vieille quarantenaire qui remonte en scène illico (faut croire qu’il avait oublié une réplique, ah l’amateur) : « Attends attends !! Si t’y vas faut que tu retires ton sac à dos! T’es vieille ! Faut t’alléger au maximum ! »
La sève joyeuse et juvénile qui lui éclate de rire à la figure : T’es con toi ! C’est Xuntsu !

(Xunstu, c’est mon ami-arbre que j’avais rencontré quelques temps plus tôt, et qui m’a suivi tout au long de mon parcours) 

J’étais déjà dans l’arbre, à moitié à l’envers entre deux grosses branches, me hissant sur l’une d’elles, le sac sur le dos, ou plutôt dessous, bien accroché aux hanches et toutes poches bien fermées. C’te plaisir de se sentir comme un escargot !
J’avais ma maison sur le dos et je pouvais faire ce que je voulais : ça ne tombait pas, c’était fait pour, j’avais muté en elfe des forêts !

Je ne sais plus jusqu’où je suis montée. Peut-être pas si haut, allez savoir. A la vérité, on s’en fiche complètement. Ce qui compte, c’était la vie qui jaillissait à l’intérieur de moi, une fontaine verticale qui me hissait vers les hauteurs, au centre de moi, le long de la colonne vertébrale depuis les pieds jusque dans les cheveux. Moi qui avais pourtant tellement mal partout, des pieds jusqu’au cou (non, pas aux cheveux, quand-même pas). Mes jambes montaient toutes seules pour s’agripper aux branches, mes bras cherchaient tout seuls des prises et tiraient tout seuls sur les dizaines de kilos que j’avais peur d’avoir tout cassés depuis un mois et demi que je marchais.

Et là, à écrire dans le noir de ma terrasse marseillaise dans cette chaude nuit d’été, trois ans après, je me dis que oui, quand on est en harmonie avec la vie, tout redevient possible.

On ne perd rien.